300 nouveaux cas de Konzo sont déclarés chaque année dans la région de Kahemba à l’ouest de la République démocratique du Congo. Le Konzo est une maladie incurable qui provient de la consommation de manioc mal détoxifié par des personnes sous-alimentées. Le manioc amer peut être toxique à cause de l’acide cyanhydrique qu’il contient et qu’il faut éliminer avant la consommation du manioc. Diminuer la consommation de manioc dans la région est illusoire car l’activité économique principale de Kahemba se concentre à 60% dans l’agriculture de subsistance (maïs, arachide, haricot et surtout manioc). De plus, le territoire de Kahemba est difficile d’accès. Les produits non locaux y sont donc relativement chers.
Comment réduire la toxicité du manioc ?
Les Congolais ont pour habitude de pratiquer le rouissage du manioc amer. Le trempage du manioc dans de l’eau doit durer au moins 4 jours afin d’éliminer l’acide cyanhydrique. Mais, à cause des sécheresses de plus en plus importantes, l’eau est peu disponible dans la région et les familles victimes du Konzo n’ont pas les moyens financiers pour s’approvisionner en eau potable en quantités suffisantes pour un rouissage correct. Le manioc est donc insuffisamment roui surtout durant les saisons sèches et durant les périodes de famine. Même si les gens connaissent les risques liés à un rouissage insuffisant, l’accès limité à l’eau et la pression alimentaire ou financière les poussent à écourter la durée du rouissage ou à le réaliser dans de mauvaises conditions comme par exemple dans un bac d’eau que l’on utilise pour plusieurs rouissages successifs et qui est rapidement saturée en acide cyanhydrique.
Quelles sont les conséquences de la maladie ?
Une fois apparue, la maladie cause des dégâts irréversibles, mais elle peut être évitée. Le konzo est une paralysie spasmodique bilatérale qui attaque les membres inférieurs et la colonne vertébrale. Les personnes qui en sont atteintes ne savent pratiquement plus marcher. Des troubles du langage et de la vision peuvent également apparaître. 99 % de ces malades vivent dans des familles extrêmement pauvres, Selon l’OMS (2015), le konzo est mortel dans un cas sur cinq et touche surtout les enfants. Les conséquences sont dramatiques et les personnes atteintes sont souvent marginalisées et contraintes à la mendicité.
Le Konzo étant une maladie incurable, il est nécessaire de prendre des mesures préventives qui permettent son éradication car il attaque principalement la population jeune sur laquelle se fonde l’avenir de la République Démocratique du Congo.
Préventions
Le konzo peut être prévenu par une amélioration du niveau de vie et de la culture, un meilleur accès à l’eau. En effet, la « méthode de mouillage »permet d’éliminer une grande partie des cyanogènes résiduels de la farine de manioc : La farine de manioc est placée dans un bol et le niveau indiqué à l’intérieur du bol. De l’eau est ajoutée en mélangeant jusqu’à ce que la hauteur de la farine humide arrive à la marque. La farine humide est placée en couche mince sur un tapis pendant 2 heures au soleil ou 5 heures à l’ombre pour permettre l’échappement du cyanure d’hydrogène. La farine humide peut ensuite être cuite dans de l’eau bouillante de façon traditionnelle pour produire une sorte de porridge épais dit « foufou ». La méthode de mouillage est généralement bien acceptée par les femmes des communautés rurales car elle nécessite peu de travail et aucun équipement supplémentaire, et parce qu’elle produit du foufou non-amer.
Il est important de clairement enseigner aux populations (aux femmes qui dans ces régions font traditionnellement la cuisine) que le konzo est dû à un poison naturellement présent dans le manioc, pour les amener à utiliser régulièrement la méthode de mouillage.