Haïti
03-09—21

Aider les paysans à se débrouiller par eux-mêmes

Claudette Coulanges est Haïtienne, fondatrice et responsable d’un programme de développement à Aquin, HAITI PROJET EDUCATION (HPE). Suite au séisme du samedi 14 août nous l’avons contactée car l’épicentre se trouvait tout près d’Aquin, à 11 km. La ville qui compte environ 100.000 habitants éparpillés dans 10 sections communales a été fortement touchée. Ce sont surtout les zones rurales peu accessibles qui ont été frappées par cette catastrophe mais elles ont reçu peu ou pas de secours. À cette situation dramatique s’ajoute le risque d’épidémie car beaucoup d’équipements sanitaires ont été détruits. Les eaux sont polluées et risquent de devenir un facteur de transmission de maladies.

La mission de HPE est de « promouvoir, par une approche collective et participative, l’initiative citoyenne et la solidarité, afin que la population contribue avec dignité à l’amélioration de ses conditions de vie ».

L’association prend en charge des projets importants de développement durable comme la création d’une unité de transformation de manioc (farine de manioc, amidon, cassave) afin d’offrir des opportunités aux femmes rurales. Grâce à un crédit agricole et un support technique en agroécologie à une centaine de paysans, une lutte est engagée contre la dégradation des sols de manière à contribuer à l’amélioration des conditions de vie d’une centaine de femmes et hommes planteurs de manioc.

L’association Haïti Projet Éducation a le jour même du séisme apporté du secours en distribuant de la cassave et du beurre d’arachide aux plus vulnérables (personnes à mobilité réduites, femmes et enfants). Sa cassaverie tourne à plein régime pour ravitailler la population locale.

 

 

Dès le dimanche 15 août, les cuisines d’urgence dans des quartiers populaire de la ville d’Aquin ont pu nourrir 900 personnes par jour. Une semaine après, HPE a pu offrir un plat chaud à 2.700 sinistrés par jour.

Claudette est persuadée qu’il faut aider surtout les paysans à se débrouiller par eux-mêmes pour subvenir aux besoins locaux avec des produits locaux. La cassaverie, indispensable pour alléger le travail de transformation du manioc, voit la demande s’accroître et a du mal à répondre aux besoins. La presse, trop petite et lente, constitue le goulot d’étranglement. Sa faible capacité horaire ralentit tout le processus de transformation. Claudette nous demande de trouver une solution pour rendre le travail plus accessible aux femmes et aux jeunes et les inciter plus encore à s’approprier ces activités de transformation.

Une évaluation montre que les activités féminines contribuent plus que celles des hommes au financement de l’écolage des enfants, à l’amélioration des conditions sanitaires et plus globalement aux conditions de vie dans la région. Le contexte décrit par Claudette incite Codeart à rendre désormais plus aisée l’appropriation par les femmes de toutes les opérations de transformation. La mesure au dynamomètre de l’effort à fournir pour exécuter les opérations les plus pénibles doit nous aider à concrétiser objectivement cet engagement.

Roger Loozen